Pierre Abou Jaber
Que l’on soit reçu dans les locaux splendides de sa société Blueberry Capital Inc. (BCI) au cœur du centre-ville de Beyrouth, ou dans son magnifique appartement d’Achrafieh, l’on ne peut qu’être impressionné par la personnalité bouillonnante de ce consultant en finances au dynamisme contagieux. Jonglant entre ses multiples activités professionnelles et sa vie familiale, essentiellement centrée sur sa charmante épouse Hala et sur ses enfants Peter et Karl, d’adorables jumeaux de 5 ans et demi qui sont, dit-il, sa raison de vivre, il trouve le temps de s’adonner à sa passion, la cuisine. Entretien à bâtons rompus avec un cordon-bleu perfectionniste.
Quel a été votre parcours?
J’ai fait des études d’économie et de gestion d’entreprises qui m’ont naturellement amené à travailler au sein de diverses compagnies financières avant de lancer enfin la mienne en 2014. Mes diplômes, ainsi que ma longue expérience dans le domaine bancaire, m’ont permis d’acquérir la confiance de mes clients. Mais, pour moi, le couronnement de ma vie professionnelle a été la réalisation de l’icône touristique de Beyrouth, l’hôtel Le Gray, qui a changé le visage de l’industrie hôtelière dans notre pays en plaçant le Liban parmi les meilleures destinations touristiques selon les classifications internationales. Durant les dernières 14 années, j’ai présidé et dirigé la compagnie VEN.INVEST Holding qui a mis en place l’investissement nécessaire, l’ingénierie financière, la structure légale ainsi que l’opération elle-même, en étroite collaboration avec le très célèbre hôtelier de Londres, Monsieur Gordon Campbell Gray, avec lequel j’ai tissé des liens d’amitié et de confiance.
Vous semblez confiant en ce qui concerne l’avenir du Liban…
Absolument. Je me suis toujours investi et j’ai toujours cru en ce pays unique au monde, essentiellement parce que c’est ma patrie, mais aussi pour ses multiples richesses culturelles et son capital humain. Il faut toujours rester attaché à ses racines. Evidemment, l’inquiétude est toujours là, il faut la surmonter, gérer la peur et cela est tout à fait possible lorsque nous avons une vision et que nous sommes animés par la foi et la détermination.
D’où vous vient ce penchant pour la gastronomie?
De ma mère et de ma grand-mère qui aimaient tout ce qui est bon et qui savaient parfaitement utiliser les ingrédients pour préparer des repas savoureux. J’ai grandi dans une famille très traditionnelle. Les déjeuners ou plutôt les festins du dimanche étaient sacrés.
Quand avez-vous commencé à mettre vous-même la main à la pâte?
Dès l’âge de 18 ans. Faire la cuisine a toujours été pour moi une détente, voire une escapade. Aujourd’hui, j’y prends toujours plaisir, c’est une sorte de repos du guerrier, un plaisir dont on peut jouir trois fois par jour ad vitam æternam. De plus, pour moi, cuisiner est un moment aussi fertile et créatif qu’une ingénierie pour monter une affaire quelconque. Il y a autant d’ingrédients à mettre en place qu’une structure financière à paramètres complexes.
Vous cuisinez donc au quotidien?
Malheureusement pas autant que je le voudrais, faute de temps. Par contre, je me mets aux fourneaux tous les week-ends. Ce sont des moments privilégiés auxquels j’associe ma femme et mes enfants. C’est vraiment la fête!
Quels sont vos spécialités?
Outre l’imbattable gastronomie libanaise, très saine, très variée et de plus en plus appréciée internationalement, j’affectionne les plats italiens et asiatiques que j’apprête toujours avec un lebanese twist… J’invite souvent des amis intimes à les goûter et cela varie entre pâtes, sashimis et hrissé!
Aux lecteurs de Sucré Salé, j’offre quatre recettes salées, et mon épouse Hala, les deux desserts qu’elle prépare à la perfection.
Quels sont vos restaurants préférés au Liban?
Chez Sami, Marinella, People, Al Halabi, Liza, Burgundy et Le Phénicien.
Et à l’étranger?
L’Ami Louis à Paris, Hakkasan et Yauatcha à Londres. Mais j’aime surtout manger dans de petits restos typiques en Alsace, en Corrèze et en Italie.
Avez-vous déjà envisagé de créer votre propre établissement?
C’est un projet en cours de réalisation. Nous allons bientôt dévoiler le nom, l’emplacement et le concept de cette nouvelle entreprise qui me tient particulièrement à cœur et dans laquelle je compte beaucoup m’impliquer, notamment dans le choix des ingrédients. Saviez-vous par exemple, que pour chaque recette, il faut utiliser une sorte précise de tomates? Je serai intransigeant sur ce plan…
D’autres rêves en passe de devenir réalité?
Le lancement prochain d’une huile d’olive organique, produite à partir de nos oliveraies de Deir el-Kamar. Vous en entendrez parler très prochainement. Sur un autre plan, c’est la rénovation d’une ancienne demeure à Jouret el-Termos qui me passionne actuellement. Mais mon rêve ultime, celui qui, grâce à Dieu, a pu être réalisé, c’est la naissance de mes enfants. A 50 ans, c’est un immense plaisir que je déguste doucement et sagement! ♦
Ragoût de lapin aux truffes avec linguini
RAGOÛT DE LAPIN AUX TRUFFES
AVEC LINGUINI
(pour 4 personnes)
Préparation: 2 h 30 min
Marinade: 12 h
Cuisson: 2 h
Niveau de difficulté: difficile
Pour le ragoût
1 lapin entier coupé en morceaux
1 bouteille de vin rouge
6 carottes tronçonnées
6 échalotes entières
½ botte de céleri
4 gousses d’ail
4 bâtons de cannelle
6 clous de girofle
6 feuilles de laurier
2 tiges de feuilles de thym
6 cuil. à soupe d’huile d’olive
100 g de beurre
1 cuil. à soupe de sucre
Poivre
Sel
2 verres d’eau
Pour les linguini
1 paquet de linguini n° 7
30 g de beurre
1 gousse d’ail pilée
5 tiges de persil hachées
3 cl d’huile de truffe
½ verre de crème de cuisson
Sel
Noix de muscade râpée
Poivre noir
Mettez le lapin dans un grand bol en acier.
Ajoutez le poivre, les bâtons de cannelle, les clous de girofle, le thym, le sucre, les feuilles de laurier, les gousses d’ail, les échalotes, le céleri et les carottes.
Versez dessus la bouteille de vin et laissez mariner toute la nuit au frigo.
Le lendemain, retirez les morceaux de lapin et faites-les frire dans du beurre et de l’huile jusqu’à ce qu’ils rougissent. Retirez-les et gardez-les de côté.
Mettez tous les légumes dans la casserole et faites-les cuire pendant 3-4 min.
Rajoutez les morceaux de lapin, arrosez de vin et faites cuire à feu vif pendant 20 min jusqu’à ce que l’alcool s’évapore. Baissez le feu, ajoutez l’eau, salez et laissez mijoter pendant 2 h.
Pour préparer les pâtes: faites bouillir de l’eau salée, jetez-y les pâtes et laissez cuire al dente selon le temps indiqué sur le paquet.
Pendant ce temps, faites ramollir le beurre dans une casserole, ajoutez l’huile de truffe et l’ail et faites revenir 1 min.
Ajoutez la crème et laissez cuire 10 min.
Saupoudrez de noix de muscade, salez, poivrez et laissez épaissir.
Plongez alors les pâtes cuites, remuez doucement puis finissez avec le persil.